Mathilde Stella, du blog Baleine Voyageuse, a sillonné pendant deux ans la Nouvelle-Zélande, majoritairement à pied et en van. Mais aussi en canoë-kayak parfois ! Dans le parc national d’Abel Tasman, elle a expérimenté une randonnée kayak en 3 jours et en binôme. Une aventure haute en couleurs qu’elle te partage dans cet article !
Abel Tasman : meilleur spot pour une randonnée kayak en Nouvelle-Zélande
En Nouvelle-Zélande, un des meilleurs lieux pour faire du canoë-kayak c’est assurément Abel Tasman National Park, sur l’Ile du Sud. Ce parc naturel protégé est réputé pour ses eaux turquoises et ses plages paradisiaques. Toute la côte Est du parc est interdite aux voitures. Le seul moyen de l’explorer, c’est donc à pied ou en kayak. Il faut compter 3 à 4 jours pour longer la côte, sur terre ou en mer. Mais pourquoi choisir quand on peut combiner les deux ? Je me suis donc lancée en binôme dans une randonnée de 3 jours composés de deux jours en kayak et une journée à pied, avec deux nuits en tente. J’étais accompagnée de Carla, une française rencontrée en Nouvelle-Zélande.
Où louer le matériel pour une randonnée kayak à Abel Tasman ?
Pour cette randonnée kayak de 3 jours en Nouvelle-Zélande en autonomie (sans guide), j’ai décidé de faire confiance à Abel Tasman Kayaks. Cette compagnie est plus qu’un loueur de canoë-kayak, elle propose également :
– l’aide à la construction de ton itinéraire sur-mesure.
– la réservation de tes emplacements de camping (sans se prendre de marge), le camping sauvage étant interdit dans le parc et les rangers veillent !
– la formation à l’utilisation du kayak pour partir en autonomie.
– la location du matériel de camping qu’il pourrait te manquer (tente, matelas, duvet, réchaud, etc).
– le rapatriement de ton matériel.
– le retour en watertaxi à la fin de ta rando.
À noter que cette randonnée n’est possible qu’en kayak biplace. Il te faut donc un.e partenaire pour te lancer dans cette aventure !
Note : Cet article n’est pas sponsorisé, je te parle de cette compagnie pour laquelle j’ai opté parce que j’en suis très satisfaite. Mais n’hésite pas à comparer par toi même les compagnies et les prix !
Combien coûte une randonnée kayak à Abel Tasman ?
J’ai effectué cette randonnée kayak à Abel Tasman en février 2021. A l’époque j’ai déboursé 230$NZ (soit l’équivalent de 130€) pour la location de matériel (kayak + tente + matelas). Ça comprend le rapatriement en watertaxi. Il faut compter en plus 15$NZ par personne par nuit de camping, à régler auprès du Departement Of Conservation, qui gère le parc. Soit un budget de 150€ par personne pour ces 3 jours de randonnée kayak à Abel Tasman National Park.
À mes yeux ce budget vaut largement cette aventure hors norme. Je te laisse en juger !
Ma randonnée kayak en 3 jours, à Abel Tasman
Jour 1 : top départ !
Après la préparation de notre kayak, nous avons droit à un briefing complet dans les locaux de la compagnie à Marahau. Puis équipées de nos gilets de sauvetage, nous montons dans un tracteur. Le timing est serré, basé sur la marée !
Nous voilà donc sur la plage de Sandy Bay. Le tracteur roule sur le sable puis dans l’eau. Nous embarquons rapidement dans notre kayak. Le guide nous fait une démonstration depuis sa propre embarcation, rappelle tous les éléments de sécurité puis nous laisse partir. Notre aventure en randonnée kayak commence !
Rapidement nous perdons de vue les autres kayakistes. Nous voilà seules sur les eaux turquoises d’Abel Tasman ! Grisées, nous visons Adele Island. Cette île est incroyable : à peine nous nous en approchons que nous entendons des dizaines de chants d’oiseaux mélodieux. Normal, ils n’ont aucun prédateur ici !
En longeant l’ile nous y trouvons une petite plage et décidons d’y accoster pour faire une pause. J’ai l’impression d’être au paradis !
Puis nous repartons sur notre kayak, pressées de découvrir les autres merveilles de cette île. L’eau est calme, la météo magnifique, c’est un véritable bonheur de pagayer ici ! À l’extrémité de l’île, nous rencontrons des otaries se prélassant sur les rochers. Plus loin, d’autres jouent dans l’eau. Quel spectacle incroyable !
Nous restons les observer un moment, avant de nous éloigner pour naviguer vers le prochain objectif de notre rando : Observation Beach.
Première nuit en tente
Cette petite plage tout mignonne est assurément mon spot coup de cœur. Je te la recommande vraiment si tu souhaites faire une randonnée kayak dans le parc national d’Abel Tasman. Elle est toute petite et ne présente que quelques emplacements de camping. On est donc peu nombreux à profiter de ce lieu privilégié ! Une ambiance Koh-Lanta (les toilettes en plus).
Nous y avons fait la rencontre d’un oiseau particulièrement détesté des touristes : le weka. J’ai vite compris pourquoi : il m’a volé des affaires à peine j’ai eu le dos tourné ! On a donc vite monté la tente pour tout cacher dedans.
Puis c’était baignade et farniente jusqu’au coucher de soleil…
Nous avons malheureusement mal dormi cette nuit là. Erreur de débutantes : nos duvets n’étaient pas adaptés à la température nocturne. La journée est chaude, mais les nuits sont fraîches !
Jour 2 : à l’assaut des vagues
Pas très reposées, mais toujours aussi motivées, nous nous levons tôt pour profiter du lever de soleil incroyable sur la plage. Je savoure chaque seconde de bonheur dans ce petit coin de paradis. Cela fait 10 mois que je suis en Nouvelle-Zélande (au lieu des deux initialement prévus !) et je remercie la vie pour cet instant magique.
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Mais il est déjà temps de repartir, nous avons un timing à tenir : nous devons être avant 15 heures à Bark Bay. Nous avalons notre petit-déjeuner, et armées de nos pagaies nous remontons sur notre fidèle destrier. Ouf, la marée ne l’a pas emporté ! Paraît-il que ça arrive régulièrement à certains touristes…
Nous continuons de pagayer vers le nord. Nous constatons qu’Adèle Island, maintenant dépassée, nous protégeait du vent ! L’eau jusqu’ici parfaitement calme se transforme alors en grosses vagues. On rame, au propre comme au figuré ! Pas du tout entraînées, nous nous essoufflons rapidement.
Nous décidons d’explorer Anchorage Bay pour nous donner un peu de répit. Cette grande plage de sable dorée est très touristique, on y voit plusieurs bateaux dont des watertaxis. En kayak on s’amuse à explorer les recoins où il n’y a personne. Puis nous repartons vers la mer. Les vagues et le vent de face rendent à nouveau l’avancée pénible.
L’effort est largement récompensé quand nous apercevons Frenchman Bay et son magnifique lagon. Wouaou que c’est beau ! L’eau est limpide, le paysage magnifique, nous sommes seules. Quelle chance ! Nous prenons encore un nombre incalculable de photos (600 en 3 jours…), avant de devoir nous résigner à continuer notre randonnée kayak. La montre nous appelle mais nous n’avons pas franchement envie de partir !
Au large nous constatons que le vent s’est encore un peu plus levé, les vagues sont vraiment hautes. Je commence à avoir la frousse. L’eau devient sombre, nous essayons d’avancer le plus rapidement possible, tout en veillant à ne pas prendre les vagues de côté. J’essaye de calmer la panique qui monte doucement, j’ai peur de chavirer. Heureusement Carla est rassurante, et déterminées nous redoublons d’effort pour arriver rapidement. Ouf, Bark Bay est enfin en vue !
Deuxième soirée… mouvementée !
Nous arrivons pile poil à l’heure, ouf !! Nous nous empressons de descendre nos affaires du kayak car le bateau de la compagnie arrive déjà pour le rapatrier. Ils le chargent rapidement et repartent. Nous montons la tente, déjà surveillées par les insupportables wekas…
Malheureusement, les émotions de la journée nous dépassent un peu : nous nous disputons pour une histoire de duvet mouillé… Les vagues ayant infiltré une des trappes ovales du kayak.
Ce sont les aléas d’une aventure à deux et donc d’être H24 ensemble. Pour calmer les esprits, je décide d’aller marcher un peu seule, sur la plage.
Soudain, Carla me rejoint en courant : son portable a disparu ! Nos différents sont oubliés, nous le cherchons partout : dans nos sacs, sur la plage, dans la tente… Aucune trace. Il a dû rester dans le kayak. Donc sûrement dans l’eau à l’heure qu’il est…
Soudain un groupe scolaire débarque et s’installe bruyamment sur tout le campement. Pour le calme et la solitude, c’est raté !
Quand les animaux s’y mettent…
Remises de nos émotions, j’enfile mon masque de plongée pour un peu de snorkelling. Quand je me retrouve nez à nez avec une raie ! Wouaou ! Ici, beaucoup de gens en ont peur, en Nouvelle-Zélande, certaines raies possèdent un aiguillon venimeux pouvant être mortel. Mais sur le moment, ça ne m’a pas effleuré l’esprit, contemplant sa nage gracieuse. Elle disparaît aussi vite qu’elle est arrivée. Je sors de l’eau reconnaissante de cette rencontre.
En revenant sur le campement, je constate que ces maudits wekas ont réussi à entrer dans la tente et à me voler un sachet de nourriture… Le peu qui reste a tourné au soleil ! Je n’ai donc plus que des barres de céréales à manger jusqu’à demain soir et pas de ravitaillement possible. Quelle galère !
Pour couronner le tout, nous avons toujours les mêmes duvets. Sans surprise, nous avons donc eu à nouveau froid cette nuit là…
MAIS nous décidons de voir le positif : toutes ces péripéties nous ont ressoudées ! C’est l’aventure avec une grand A, et elle n’est pas terminée.
Jour 3 : lever de soleil flamboyant
Réveillée tôt, je vais me poser seule sur la plage pour admirer à nouveau le lever de soleil. Enfin, presque seule : un des professeurs du groupe réveille les jeunes pour qu’ils viennent l’admirer aussi… J’aurais aimée être seule, mais je suis contente qu’il l’ait fait : tout le monde devrait avoir la chance de voir ce panorama incroyable. J’aime la Nouvelle-Zélande pour cela : ses couleurs flamboyantes. Et les sourires qu’elle met sur tous les visages.
Je saute le petit déjeuner : je vais garder mes barres pour la journée… C’est l’heure d’aller écouter le point météo du ranger, essentiel après deux jours sans réseau téléphonique. Météo au beau fixe, et Auckland repasse au niveau 2 Covid (déconfinement). Que des bonnes nouvelles !
Randonnée sur l’Abel Tasman Coast Track
Nous démontons la tente, que nous laissons avec nos duvets et quelques affaires dans de gros sacs sur la plage : la compagnie viendra les chercher. Équipées de sacs légers, les pagaies troquées contre les chaussures de randonnée, nous voilà prêtes pour nous élancer sur l’Abel Tasman Coast Track. Cette « Great Walk », chemin de randonnée comptant parmi les plus beaux de Nouvelle-Zélande, longe toute la côte du parc naturel.
Et c’est vrai que c’est joli ! Le vert des fougères arborescentes, avec le jaune du sable, et le bleu turquoise de la mer… Le panorama est sublime. En haut d’une petite falaise, j’aperçois une raie dans l’eau.
Ça monte, ça descend, et il fait de plus en plus chaud. Nous nous séparons parfois pour aller admirer des points de vue différents. Cela a failli nous jouer des tours : nous étions à deux doigts ne pas nous retrouver…
Pique-nique aux Cleopatra Pools
À un embranchement, nous dévions pour aller voir les Cleopatra Pools. Lorsque nous avions construit notre itinéraire de randonnée, Abel Tasman kayaks nous avait vivement recommandé d’aller voir ce spot. Encore une fois, on a bien fait de les écouter !
Il s’agit d’une rivière formant de petites piscines naturelles dans les rochers. La couleur de l’eau est incroyable. Quelques personnes s’amusent à glisser dans les toboggans naturels. Je passe mon tour : trop froide à mon goût !
Nous décidons de pique-niquer ici, l’endroit est vraiment magnifique.
Puis nous continuons notre marche jusqu’à Anchorage Bay. Nous sommes en avance, nous en profitons pour visiter le coin, puis nous reposer sur la plage. Enfin, il est l’heure de rejoindre le watertaxi.
Retour à Marahau
Sur le bateau qui nous ramène à Marahau, nous nous serrons dans les bras : nous l’avons fait ! 3 jours de randonnée kayaks à Abel Tasman : l’un des plus beaux parcs de Nouvelle-Zélande ! Nous sommes d’autant plus heureuses que c’est la première fois pour chacune de nous de partir plusieurs jours ainsi… Nous avons fait des erreurs, que nous ne sommes pas prêtes d’oublier, mais nous avons largement relevé le défi !
5 erreurs à éviter en randonnée kayak à Abel Tasman
Pour ne garder que les bons côtés de cette randonnée kayak à Abel Tasman, voici exactement ce qu’il ne faut pas faire…
- Ne pas regarder la température de ton duvet et ne pas la comparer aux prévisions météo de Met Service. C’est assurément la meilleure façon de gâcher tes nuits… voire te faire risquer l’hypothermie.
- Prendre de la nourriture périssable… Si tu veux être sûr de manger, prends plutôt des aliments secs et un petit réchaud ! Il y a sur certains campements des robinets d’eau, note-les à l’avance sur ta carte.
- Oublier que la marée va monter, et donc ne pas mettre ton kayak ou tes autres affaires assez haut sur la plage… On a quand même perdu une paire de chaussures de cette façon.
- Laisser tes affaires sans surveillance. Les wekas ont des années d’expérience en arnaque de touristes…
- Oublier ton portable ou n’importe quelle affaire dans ton kayak !
- Bonus : perdre ta pagaie pendant ta rando. Ça, heureusement, on n’a pas testé !
Je le tourne sur le ton de l’humour, mais tout cela aurait pu être dangereux. Pour toute aventure en autonomie, retiens que la préparation et la sécurité est absolument essentielle !
Conclusion de ces 3 jours de randonnée kayak à Abel Tasman
Cette randonnée kayak à Abel Tasman a eu lieu en 2021. Aujourd’hui, chacune de nous vit des aventures aux 4 coins du globe. Carla est devenue prof de ski en Nouvelle-Zélande, quand elle n’est pas en train de voyager. Pour ma part, je me lance régulièrement des défis, en France ou ailleurs, comme des treks en montagne. Je prends toujours beaucoup de plaisir à pagayer, même si je préfère marcher !
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Si nous rions aujourd’hui de cette randonnée kayak qui a pimenté le début de nos aventures à chacune, elle reste assurément un souvenir fort de notre voyage en Nouvelle-Zélande. 3 jours qui nous ont marquées. Sans que nous le sachions, cela nous a aussi changées. J’en garde un souvenir merveilleux. Il est impossible de rester insensible aux paysages incroyables d’Abel Tasman, et au bonheur de pagayer dans ses eaux turquoises. Ce parc naturel est un vrai ascenseur émotionnel.
À toi qui me lis, je ne peux que te conseiller de tenter l’aventure également.
Celle avec un grand A !
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